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cécile duflot - Page 2

  • Europe écologie: show devant!

    Avec « Dany », « José » et « Eva », les trois « stars » de la campagne pour les européennes, Europe écologie (EE) faisait son show au Cirque d'hiver mercbové, cohn-bendit, joly.jpgredi 10 mars! L'affiche était particulièrement séduisante, à quelques jours du premier tour de ces régionales, dont le suspense (en Ile-de-France) se résume au score des deux partenaires-rivaux, le PS et EE, tellement l'issue du second tour – la victoire de la gauche – semble certaine.

    Le meeting d'Europe écologie qui mêle expressions politiques tout à fait classiques (Bové, Duflot) et témoignages plus personnels (Joly, Legrand) avait une double vocation, interne et externe. Vis-à-vis des troupes réunies (plus de 1200 personnes), il s'agit de montrer que la famille recomposée est solide, que rien ne va séparer les partenaires hier divisés, parfois adversaires. Pour asseoir la catharsis collective, le « grand prêtre » Dany est à l'œuvre. « Nous voulons rêver ensemble », proclame-t-il. Il insiste sur la « culture du partenariat » en développant une approche très libertaire de la politique. « La démocratie vit de la diversité, y compris chez nous », dit-il à destination de certains apparatchiks des Verts, soucieux de contrôler de bout en bout la construction politique en cours. Dany fait penser par moment à un télé-évangéliste (rien de penser dans cette comparaison) car il parle aux émotions, au coeur des militants pour tenter de les soustraire aux réflexes politiciens.

    L'exercice est compliqué pour lui car sa démarche de rassemblement se heurte régulièrement à son côté espiègle et provocateur. Evoquant ainsi un meeting en Alsace où les écolos ont fait la grande alliance avec l'ex-frêre Antoine Waechter, il désigne ce dernier par le surnom moyennement amical « moumoute » (allusion à ses greffes capillaires). Pourvu que les amis d' « Antoine » ne soient pas au Cirque! Quand dans un lapsus, il parle du PC au lieu du PS, il ajoute une remarque perfide héritée de son contentieux de 68. Mais il se rappelle tout d'un coup que la tête d'EE en Seine-Saint-Denis n'est autre que Stéphane Gatignon, maire (ex) communiste de Sevran. Donc, il se tourne vers l'infortuné et s'excuse pour sa pique. Il faut dire que le recrutement des écolos parmi les anciens « stal » est un fait tout à fait nouveau pour les écolos.

    Ce meeting avait pour seconde vocation de sortir les muscles en direction des copains socialistes. Chacun y va de sa petite phrase en direction des « soces », coupables de considérer EE avec un peu de dédain. « On ne veut plus occuper des strapontins », assène l'animateur de la soirée, Noël Mamère. « Le PS n'a pas aujourd'hui le monopole de la gauche », prolonge José Bové (dans une allusion peut-être involontaire à VGE) qui dénonce le « logiciel productiviste » à l'oeuvre aussi bien à droite qu'à gauche. « Sans nous, les socialistes ne peuvent gagner aucune région », ajoute le grand-prêtre Dany qui ajoute, dans un élan d'honnêteté, que l'inverse est aussi vrai...

    Et pour ne pas être simplement dans l'imprécation, EE joint le geste à la parole en donnant une vraie place dans la prise de parole à des non-professionnels de la politique. Stéphane Hessel, avec ses 93 printemps bien sonnés, mais sans expérience électorale (« c'est la première fois que je me présente, rassurez-vous en position non éligible »), donne une leçon de simplicité et de volontarisme aux jeunes loups de la politique: « De temps en temps, il faut gueuler ». Augustin Legrand raconte aussi pourquoi il a rejoint EE: « Je crois en cette nouvelle façon de faire de la politique. » Et, sans aucun effet de manche, la voix parfois hésitante, la députée européenne issue d'un pays non membre de l'Union européenne – la Norvège - réenfourche son cheval anti-corruption et plaide pour un nouveau contrat social. En sortant, dans le métro, une dame, ancienne électrice socialiste écoeurée par les pratiques du PS, nous dira son rêve de voir Eva Joly devenir présidente de la République...

    Voilà donc EE tentant d'inventer un nouveau rapport au politique. Un pied dans la combine politicienne, un pied dans le rêve et l'utopie... c'est parfois acrobatique comme position et cela peut désorienter. En même temps, il faut bien voir que le rapport à la politique doit se réinventer dans une tension permanente entre la dimension prospective voire prophétique et le souci des réalités. Pendant un temps, les Verts étaient dans la seule perspective utopique (d'où son image de « doux rêveurs ») puis dans une approche très politicarde (d'où l'étalage des bagarres d'ego). Là, Europe écologie tente de conjuguer les deux dimensions.

    Après le probable bon résultat aux régionales, le pari va être pour EE de ne pas retomber dans l'une ou l'autre des postures. La pression énorme de 2012 (présidentielle et législatives) sera une épreuve pour le nouveau mouvement. S'il la surmonte, Europe écologie pourrait s'inscrire durablement dans le paysage politique et bousculer la prééminence encore réelle du parti socialiste sur la gauche.

  • Les questions sans réponse de 2009

    Que retiendra-t-on de cette année 2009 qui s'achève dans le débat politique national ? Un seul scrutin majeur a émaillé ces douze derniersP1000265.JPG mois: celui des européennes. Marqué par une abstention massive, ces élections ont fait émerger une force majeure - Europe écologie -, confirmé la puissance électorale de l'UMP et fait apparaître l'échec de la stratégie personnelle, obsessionnellement anti-sarkozyste du MoDem de François Bayrou et l'état calamiteux du parti socialiste, devancé dans plusieurs régions phare (le Sud-Est, Ile-de-France) par les écologistes.


    Sur le plan gouvernemental, le rythme des réformes ne s'est pas ralenti malgré des oppositions très fortes - notamment sur la suppression de la taxe professionnelle - transcendant les clivages politiques. L'équipe Fillon n'a aucun état d'âme, comme on l'a vu lors des deux vols expulsant des sans-papiers afghans. Toutes les réformes, y compris celle sur la Poste, devraient être menées à terme. Peu importe, pour elle, la mauvaise cote de popularité et la colère de plus en plus forte de certains pans de la population. Le duo Sarko/Fillon compte être jugé, au terme des cinq ans, sur le respect de ses engagements. Pas question de fléchir donc! Quitte d'ailleurs à sacrifier les élections régionales de mars. Les derniers mois 2009 ont été cependant périlleux pour l'équipe au pouvoir: fronde des élus locaux, malaise au sein même de l'UMP concernant le débat sur l'identité nationale avec ses relents xénophobes, difficulté à mettre en oeuvre la conversion écologique annoncée (échec de Copenhague pour lequel Sarko a mouillé sa chemise, taxe carbone retoquée par le Conseil constitutionnel).


    Pour la deuxième partie de son quinquennat
    , le Président aurait tout intérêt à infléchir sa façon de gouverner: le mépris qu'il affiSarkozy.jpgche vis-à-vis de toutes les critiques, même venant de son camp, peut se retourner contre lui; son incapacité à laisser travailler l'équipe gouvernementale, sa tendance à court-circuiter les annonces ministérielles l'exposent à toutes les critiques (d'où son différentiel de popularité avec son Premier ministre). En outre, Nicolas Sarkozy va devoir prendre garde à la schizophrénie de sa politique: il donne des leçons de régulation et de moralisation du capitalisme au monde entier, y compris à Barack Obama, mais sa politique intérieure est loin d'être exemplaire à cet égard. Pourquoi s'obstiner à déréguler certains services publics? Pourquoi laisser se goinfrer les grands patrons, comme on l'a vu avec l'affaire Proglio (le nouveau patron d'EDF qui entend conserver son traitement de Veolia)? La question de la cohérence entre le « dire » et le « faire » est une nouvelle fois posée chez le Président. Si, comme c'est probable, les difficultés économiques et sociales s'aggravent en 2010, ce grand écart risque d'être de plus en plus insupportable.

    Dans ce contexte difficile pour la majorité, pourquoi diable l'opposition n'est-elle pas en pointe? Cette question est centrale dans le débat politique. L'émiettement des forces critiquant la politique gouvernementale est une raison majeure. MoDem, Verts, PS, Parti de gauche (un nouveau venu en 2009), PCF, Nouveau parti anticapitaliste (issu de la LCR, mais sans que cette transformation ne donne les fruits escomptés), sans oublier les radicaux de gauche ou les restes du MRC de Chevènement... cela fait beaucoup de forces, parfois faibles, face à un parti présidentiel qui peut rassembler un tiers des suffrages au premier tour d'une élection. Dans ce contexte, l'affaiblissement du parti central de la gauche qu'était le PS sert l'ambition élyséenne.

    La gauche est maintenant organisée autour de trois pôles qui ont du mal à s'articuler: un pôle écologiste (que pourraient renforcer certains déçus du MoDem, telle Corinne Lepage), un pôle socialiste extrêmement divisé, toujours incapable de clarifier les questions de son programme et de son leadership) et un pôle gauche de la gauche lui-même divisé entre les participationnistes du duo PCF/Parti de gauche et les intransigeants du NPA qui n'arrivent à dépasser les 5% malgré l'extrême popularité de leur leader. Tout cela rappelle le morcellement politique italien et c'est ainsi que Berlusconi a pu être réélu sans problème.

    Vu la déconnexion entre élections locales et scrutin présidentiel, on peut déjà dire que la probable victoire de la gauche aux régionales (qui au pire devrait perdre une ou deux présidences) ne changera pas la question centrale: autour de quelle matrice idéologique la gauche doit-elle se réinventer? Peut-elle encore bricoler son modèle social-démocrate à bout de souffle (comme l'ont prouvé les élections allemandes)? Doit-elle se réinventer autour de l'urgence écologique, ce qui suppose des choix hardis en termes industriels, énergétiques, agricoles?

    Le seul élément qui pourrait accélérer les choses serait la prise par Europe écologie d'une ou deux régions. Non seulement cela donnerait l'occasion aux écologistes d'expérimenter leurs idées, mais cela recomposerait la gauche. De nombreux militants et élus du PS, dégoûtés des pratiques de l'appareil et de certains barons locaux, seraient tenter d'aller voir du côté de cette nouvelle force. Histoire de voir si l'herbe y est plus verte que dans le vieux parti d'Epinay...

  • PS - Europe écologie : les vases communicants

    En novembre 2008 se tenait le calamiteux congrès de Reims, centré sur la personnalité de Ségolène Royal. Grâce à un rapprochement des contraires (de Hamon à Delanoë) puis un micmac lors du vote des militants, la candidature de celle-ci au poste de première secrétaire avait été écartée. Un an plus tard, la même Royal fait reparler d'elle en perturbant une rencontre plurielle sur l'éducation à Dijon. Inutile derevenir sur l'impasse pPeillon et Royal.jpgolitique que représente l'ancienne candidate à la présidentielle (voir une note précédente). Les critiques de Vincent Peillon concernant son ancienne « patronne » résument assez bien les reproches qui sont adressés à Ségolène Royal : trop personnelle, trop imprévisible et pas assez travailleuse. Il est cependant curieux qu'il ait mis autant de temps à se rendre compte de ces carences...

    Cette prise de bec serait finalement assez anecdotique si le PS affichait par ailleurs une bonne santé. Tel n'est pas le cas. Les seuls débats qui aient avancé en douze mois concernent le non-cumul des mandats (mais les barons ne veulent rien lâcher là-dessus) et l'organisation des primaires (qui, paradoxalement, pourraient encore plus désintégrer le PS). Commentant la querelle Royal-Peillon, Martine Aubry a dit préférer le PS qui travaille. De quoi parle-t-elle exactement? Car le PS qui travaille, on le cherche en vain. Une convention sur l'entreprise qui devait avoir lieu cet automne a été reportée à l'après-régionales. Sur la lutte contre le réchauffement climatique, sur la protection des travailleurs face à la montée du stress, sur la régularisation des sans-papiers, sur la montée de la misère... on attend en vain des contre-propositions audacieuses et chiffrées.

    Le seul domaine où le PS semble en pointe, c'est la défense des collectivités locales menacées par les divers projets de l'exécutif. La mobilisation des élus lors du congrès de l'AMF montre la force de frappe du PS en la matière. Un parti inaudible sur les questions de société et économiques, mais arc-bouté sur la défense de ses fiefs... cela rappelle furieusement la SFIO vieillissante des années 60.

    Pendant ce temps-là, une formation engrange des soutiens et des ralliements. Emmenée par une remarquable Cécile Duflot, Duflot.jpgEurope écologie (et dans une moindre mesure le Parti de la Gauche) paraît en mesure de drainer les millions de déçus du PS. Dynamisée par son succès aux européennes, Europe écologie élargit progressivement son assise en récupérant des cadres socialistes déçus par la passivité de leur parti. C'est le cas d'Eric Loiselet, l'un des animateurs du Pôle écologiste (l'une des seules nouveautés du dernier congrès) et de Pierre Larrouturou qui a tenté en vain de déposer une motion à Reims (et qui s'est rallié en désespoir de cause à Benoit Hamon, lequel a très vite oublié ses soutiens de congrès...). Ceux qui tentent de faire bouger la doctrine et les pratiques de ce parti en le faisant sortir de ses ambiguïtés permanentes baissent les bras ou choisissent un autre chemin politique. Restent dans l'appareil ceux qui sont obsédés par la conquête du pouvoir, misant d'ailleurs plus sur 2017 que sur 2012.

    Les prochaines élections régionales risquent d'être marquées par une déconfiture du parti socialiste. La bonne qualité des candidats sur le terrain, le bilan plutôt bon des exécutifs régionaux ne pourront éternellement masquer l'état de déshérence politique du parti socialiste.